Le 29 janvier 2018
Réunion entre les Premières Nations, les Inuits, les Métis et les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux sur la réforme de la protection de l’enfance
Les 25 et 26 janvier, des dirigeants, des aînés, des experts et des défenseurs de la protection de l’enfance des Premières Nations se sont réunis avec des dirigeants des Métis et des Inuits ainsi que des représentants fédéraux, provinciaux et territoriaux pour une rencontre d’urgence sur la réforme de la protection de l’enfance.
La réunion a été convoquée par la ministre fédérale des Services aux Autochtones, Jane Philpott, avant l’Assemblée extraordinaire des Chefs de l’Assemblée des Premières Nations (APN) de décembre 2017.
Cette réunion d’urgence a permis de se pencher sur la crise actuelle des droits de la personne à laquelle sont confrontés nos enfants et nos familles, et de mettre au défi tous les gouvernements de travailler avec les Premières Nations à la réforme du mieux-être de l’enfance. La plainte déposée par l’APN et la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations à l’encontre du gouvernement du Canada auprès du Tribunal canadien des droits de la personne a donné lieu en 2016 à une décision historique selon laquelle le Canada fait preuve de discrimination à l’endroit de nos enfants. Ce fut une décision importante. Nous continuons de faire pression sur le Canada pour qu’il mette pleinement en œuvre cette décision du Tribunal. J’ai toujours soutenu que les provinces et les territoires devaient aussi prendre part aux discussions en vue d’une réforme et d’une transformation.
Lors de cette réunion d’urgence, nous avons entendu des dirigeants, des aînés et des familles parler des préjudices causés à nos enfants et à nos familles dans le cadre des systèmes actuels. Ces systèmes ne fonctionnent pas. Nous devons travailler ensemble pour y remédier.
J’ai mis le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires au défi de travailler avec les Premières Nations afin d’établir un nouveau processus décisionnel dans chaque province et territoire – avec des rôles, des responsabilités et des échéanciers précis – et de respecter l’engagement pris par les premiers ministres en 2016 de faire de la réforme de la protection de l’enfance une priorité. J’ai aussi transmis ce message par lettre à tous les premiers ministres avant la rencontre.
Il est temps de passer d’une démarche de placements forcés à une démarche préventive et de mettre en place des approches qui unissent plutôt que de diviser. La communication au sein des différents systèmes doit être améliorée et les approches novatrices dirigées par les Premières Nations en vue d’une réforme, notamment en ce qui concerne la priorité commune de maintenir les enfants au sein de leur famille et de leur communauté dans la mesure du possible, doivent être prises en compte. Avec plus de 40 000 enfants pris en charge, nous nous entendons tous pour dire que l’approche actuelle nuit à nos enfants. La douleur est réelle pour nos familles. Nous sommes conscients des problèmes. Nous savons qu’il existe des solutions novatrices. Il est maintenant temps d’agir.
Au cours de la rencontre, la ministre Philpott a présenté un plan d’action en six points du gouvernement fédéral :
- Poursuivre la mise en œuvre intégrale de toutes les ordonnances du Tribunal canadien des droits de la personne;
- Réorienter les programmes vers la prévention et l’intervention précoce;
- Travailler avec nos partenaires afin d’aider les collectivités à accroître leur compétence dans le domaine des services à l’enfance et à la famille, notamment en explorant la possibilité d’élaborer conjointement des lois avec le gouvernement fédéral;
- Soutenir le leadership des Inuits et des Métis pour promouvoir une réforme culturellement appropriée;
- Élaborer une stratégie de partage de données et de production de rapports avec les provinces, les territoires et les partenaires autochtones;
- Accélérer le travail des tables techniques trilatérales en place partout au pays.
Les efforts des Premières Nations demeurent axés sur nos priorités clés. Nous devons combler immédiatement l’écart de financement qui prive les enfants des Premières Nations de leur enfance, y compris des programmes et services essentiels dont bénéficient les autres enfants pris en charge. La ministre Philpott s’est engagée envers une nouvelle injection de ressources dans le cadre du prochain budget fédéral. C’est important, mais nous savons que nos agences et nos enfants ont besoin de soutien dès maintenant. Nous savons également que le fait de mettre l’accent sur la prévention et de s’attaquer aux problèmes liés à la pauvreté aidera un plus grand nombre d’enfants à demeurer au sein de leur famille ou de leur famille élargie, et à échapper à une prise en charge forcée. Nous devons disposer de plus de données et d’informations, qui doivent être partagés entre les Premières Nations, le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires. Investir aujourd’hui permettra de sauver des vies et d’économiser à l’avenir. Je demande des mesures concrètes et un véritable plan pour le changement.
Cette rencontre s’est tenue au moment du deuxième anniversaire de la décision du Tribunal canadien des droits de la personne, qui a statué que le gouvernement fédéral fait preuve de discrimination à l’encontre des enfants et des familles des Premières Nations dans les réserves.
Je remercie le gouvernement fédéral et la ministre Philpott d’avoir permis la tenue de cette rencontre, et je salue le dévouement et l’engagement des représentants des Premières Nations qui y ont participé. Souvenons-nous toutefois que nous avons passé dix ans devant le Tribunal canadien des droits de la personne pour attirer une telle attention. Ce qui importe, maintenant que cette rencontre a eu lieu, c’est une refonte des systèmes pour favoriser l’équité, de l’espoir et des chances égales pour nos enfants. Nous attendons des mesures immédiates.