(Ottawa, ON) – Le premier jour d’un rassemblement virtuel national axé sur la protection de l’eau en ces temps incertains organisé par l’Assemblée des Premières Nations, un comité de Gardiens du savoir représentant les Premières Nations d’un océan à l’autre a fait la présente déclaration :
« L’eau, c’est la vie. L’accès à l’eau potable est un droit humain fondamental
L’eau circule dans l’organisme de chacun de nous, y compris chez les plantes et les animaux. C’est un élément vital, essentiel à notre subsistance et à notre survie.
Alors, pourquoi autant de Premières Nations n’y ont pas accès? On compte actuellement 41 Premières Nations dans tout le Canada qui font l’objet de 59 avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable, dont certains sont en vigueur depuis plus de vingt ans. Comment le gouvernement du Canada peut-il continuer de négliger nos concitoyens et nos nations, nos enfants et nos familles? Des situations comme celles qui prévalent au sein de la Première Nation de Neskatanga, de la Première Nation de Shoal Lake no 40 et de la Première Nation d’Eabametoong seraient inacceptables dans tout centre urbain au Canada. Existe-t-il alors une raison pour laquelle des avis datant d’une décennie sont une réalité pour des Premières Nations?
Comme l’a dit Bedahbun Moonias de la Première Nation Neskatanga, « j’ai parfois l’impression que nous n’existons pas… nous ne sommes que des fantômes, rangés dans un tiroir ».
À l’instar de leurs ancêtres et de leurs grands-mères qui célébraient des cérémonies de l’eau depuis des temps immémoriaux, les Premières Nations ont compris que l’eau est sacrée et qu’elle doit être protégée, appréciée à sa juste valeur et honorée. L’eau est l’élément qui lie ensemble tous les aspects de notre vie en tant que membres des Premières Nations. Elle est présente dans nos modes de chasse et de pêche traditionnels. Elle prévaut dans nos cérémonies et nos chants. Sans une eau de qualité, le tissu culturel de nos nations s’effondrera sûrement. Le poison qui contamine notre eau nous précipite vers l’échec, le déclin de notre santé et met en permanence nos vies en danger.
Les citoyens des Premières Nations ont droit à de l’eau potable, tel que le stipule la résolution 64/292 des Nations Unies, Le droit humain à l’eau et à l’assainissement. La résolution [reconnait] « le droit à l’eau potable et à l’assainissement sûrs et propres comme un droit humain essentiel à la pleine jouissance de la vie et de tous les droits de la personne ». Lors de l’Assemblée générale annuelle de l’Assemblée des Premières Nations en juillet 2019, par la voie de la résolution 53/2019 de l’APN, Droit de la personne à de l’eau potable salubre, les Chefs-en-assemblée ont appelé « le gouvernement fédéral à éliminer immédiatement les obstacles bureaucratiques et les failles systémiques dans les lignes directrices et les politiques qui mènent au déni du droit fondamental à de l’eau potable salubre des résidents de la Première Nation d’Attawapiskat et de toutes les autres collectivités des Premières Nations confrontées à des problèmes semblables ». Et pourtant des Premières Nations se voient encore refuser ce droit. Le Canada a échoué et continue de déroger à ses engagements envers les Premières Nations à cet égard.
Nous continuerons de défendre nos droits de la personne et nos droits issus de traités, ainsi que la protection de l’eau de Notre Mère la Terre. Nous espérons sincèrement que nous n’aurons plus à lutter trop longtemps. Le gouvernement du Canada a déjà reconnu qu’il ne respecterait pas sa propre échéance initiale de mars 2021 pour garantir une eau potable de qualité à toutes les Premières Nations. Ainsi, il n’est pas étonnant que les Premières Nations aient perdu confiance en la capacité du gouvernement de tenir sa parole.
À maintes reprises, les Premières Nations se sont unies dans les moments difficiles. Nous avons dû parler d’une seule voix pour être entendus et compris par le Canada. Ainsi, nous demandons à nouveau que les citoyens des Premières Nations soient traités de la même manière que tous les Canadiens. Existe-t-il une raison plus profonde et plus grave pour laquelle nous avons été contraints de vivre sans ce droit fondamental pendant aussi longtemps? Est-ce que cet échec serait fondé sur des critères raciaux? Comment peut-on permettre une telle inaction?
Il est primordial que le Canada s’engage à mettre fin aux crises de l’eau auxquelles font face les Premières Nations partout au pays. Si cette question continue d’être mise de côté, si les Premières Nations continuent de s’entendre dire que leurs vies n’ont aucune valeur, nous saurons alors avec certitude que le Canada nous considère uniquement comme des fantômes. »
L’APN est l’organisation nationale qui représente les citoyens des Premières Nations au Canada. Suivez l’APN sur Twitter : @AFN_Updates.
Pour de plus amples informations :
Karen Joyner
Agente des communications
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