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L’APN appelle à une action urgente et transformatrice en faveur du climat dirigée par les peuples autochtones à la suite de la COP30 : Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques 2025

Publié : 28 nov., 2025Bulletin

Résumé 

  • L’APN a envoyé une délégation à la 30e Conférence des Parties (COP 30) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025.
  • La COP 30 a été l’occasion de renforcer le leadership des Premières Nations dans la lutte contre la crise climatique mondiale.
  • L’APN a publié un énoncé de position intitulé Placer l’autodétermination des Premières Nations au cœur de l’action transformatrice pour le climat lors de la COP 30.
  • Cet énoncé de position s’appuie sur trois décennies de mandats conférés à l’Assemblée des Premières Nations, depuis le premier Sommet de la Terre à Rio en 1992, en vue de demander au Canada de créer un espace dédié à la gouvernance, aux droits et aux systèmes de connaissances des peuples autochtones dans tous les domaines de la CCNUCC.
  • L’APN a participé à de nombreuses discussions mettant en avant le leadership des Premières Nations en matière de climat, notamment au Pavillon des peuples autochtones et au Pavillon du Canada, ainsi qu’à des événements programmés tels que le Rassemblement annuel des détenteurs de connaissances et la Table ronde de la septième génération.

Conformément à la résolution 36/2023 de l’Assemblée des Premières Nations, Mesures urgentes et transformatrices pour le climat dans le cadre de la stratégie nationale pour le climat de l’APN », et à la résolution 05/2019, intitulée « Déclarer une urgence climatique pour les Premières Nations », l’Assemblée des Premières Nations (APN) a envoyé une délégation à la 30e Conférence des Parties (COP 30) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). La session s’est tenue à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre 2025. L’APN participe depuis plusieurs années aux négociations internationales sur le climat, y compris à toutes les récentes COP.

La délégation de l’APN à la COP 30 était dirigée par le Chef régional Wendall LaBobe, soutenu par les membres du personnel de l’APN Nikita Kahpeaysewat et Graeme Reed.

Enjeux 

Il y a plus de trente ans, les dirigeants mondiaux réunis à Rio pour la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement de 1992, le « Sommet de la Terre », ont signé la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) originale, jetant ainsi les bases de l’action internationale en faveur du climat pour les décennies à venir. En préparation du sommet, l’Assemblée des Premières Nations a adopté la résolution 22/1991, Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement au Brésil, juin 1992, appelant les Premières Nations à y participer en soulignant « … la responsabilité primordiale des Premières Nations de protéger notre Mère la Terre pour les générations futures en exerçant notre rôle et notre mission de gardiens de la Terre ». Bien qu’aucune délégation de l’APN n’y ait participé, les messages formulés dans cette résolution résonnent encore aujourd’hui : « …[le Sommet] est une occasion historique pour les Premières Nations d’interpeller la communauté mondiale au sujet de nos systèmes de valeurs, de nos connaissances spirituelles et des enjeux importants auxquels notre peuple est confronté. »

Au cours des trois décennies qui ont suivi le sommet, les Premières Nations ont déployé beaucoup d’efforts, appelant à une action urgente en faveur du climat et à mettre un terme à la destruction environnementale de leurs terres ancestrales. Les Premières Nations-en-Assemblée ont notamment conféré de nombreux mandats à l’APN en vue de participer et plaider en faveur de l’inclusion directe et de la protection des droits, des systèmes de connaissances et de la gouvernance des Premières Nations dans toutes les discussions de la CCNUCC. Ces mandats se sont notamment traduits par la participation de l’APN au Protocole de Kyoto de 1997 (résolution 09/1997, Changements climatiques et obligations internationales du Canada, et résolution 11/2005, Changements climatiques), la signature de l’Accord de Paris de 2015 (résolution 51/2015, Inclusion des droits ancestraux dans l’Accord de Paris et stratégies en découlant), et sa mise en œuvre (résolution 97/2016, Inclusion pleine et entière des Premières Nations dans l’action en faveur du climat et résolution 101/2017, Soutien à la participation des Premières Nations à l’action internationale en faveur du climat).

La trentième session de la Conférence des Parties (COP 30) s’est tenue à Belém, au Brésil, pendant deux semaines en novembre, marquant le 20e anniversaire de l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et le 10e anniversaire de l’adoption de l’Accord de Paris. Malheureusement, les résultats obtenus à ce jour sont minimes. Le rapport de synthèse sur les contributions déterminées au niveau national (CDN) pour 2024 confirme que les engagements nationaux actuels ne permettront de réduire les émissions que de 2,6 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2019, ce qui est loin des 43 % de réduction nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5 %, tel que selon l’Accord de Paris[1]. L’année 2024 a également été l’année la plus chaude jamais enregistrée à l’échelle mondiale, étant la première année civile pendant laquelle la température moyenne mondiale a dépassé de 1,5 °C son niveau préindustriel. Le rapport sur l’état du climat à l’échelle mondiale, produit par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a confirmé que 2024 était l’année la plus chaude jamais enregistrée et que la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone avait atteint son niveau le plus élevé depuis 800 000 ans. La situation est semblable au Canada, où les régions nordiques ont connu des augmentations de température record d’environ 2,3 °C depuis 1948, soit un réchauffement environ trois fois supérieur à la moyenne mondiale[2].

Priorités de la COP 30 

Compte tenu de ces enjeux urgents, l’APN a rédigé un document de synthèse intitulé « Placer l’autodétermination des Premières Nations au cœur de l’action transformatrice pour le climat lors de la COP 30 », qui expose plusieurs priorités :

  • tirer parti de l’approche climatique des Premières Nations pour créer un espace dédié à la gouvernance, aux droits et aux systèmes de connaissances des peuples autochtones dans tous les domaines de la CCNUCC;
  • créer des opportunités concrètes pour un engagement éthique et équitable des Premières Nations, y compris des jeunes des Premières Nations, afin de démontrer leur leadership en matière de climat;
  • prendre des mesures urgentes et transformatrices en faveur du climat, conformément à la Stratégie nationale sur le climat de l’APN.

Autres priorités :

  • Financement climatique : veiller à ce que les Premières Nations et les autres peuples autochtones du Nord aient un accès direct aux fonds par l’intermédiaire de leurs institutions représentatives.
  • Transition juste : veiller à ce que des garanties concrètes en matière de droits humains et de droits des peuples autochtones, notamment ceux réaffirmés dans la Déclaration des Nations Unies, soient intégrées dans le dispositif opérationnel.
  • Mettre fin à l’amalgame : Cesser d’associer les peuples autochtones au terme « communautés locales » et réaffirmer le statut et les droits distincts des Premières Nations dans tous les documents et décisions de la CCNUCC.

Outre ces priorités fondamentales, l’APN a cerné une priorité essentielle en matière de communication consistant à amplifier la voix des Premières Nations et leur leadership climatique sur la scène internationale. Les Premières Nations sont particulièrement bien placées pour diriger les efforts visant à protéger, conserver et gérer durablement l’environnement en raison de leur relation réciproque avec l’ensemble de la Création.

Points saillants

La délégation de l’APN a joué un rôle important en participant et en soutenant le Forum international des peuples autochtones sur le changement climatique (FIPACC), également connu sous le nom de Caucus des peuples autochtones. L’un des principaux objectifs du FIPACC était d’exprimer la solidarité avec les dirigeants des peuples autochtones du Brésil, notamment envers leurs protestations politiques contre la position contradictoire du gouvernement en matière d’action climatique : accueillir la COP tout en approuvant simultanément davantage d’exploitation pétrolière et gazière en Amazonie. 

La délégation de l’APN a également participé à des activités organisées par le Facilitative Working Group (FWG) (Groupe de travail de facilitation) de la Local Communities and Indigenous Peoples Platform (LCIPP) (Plateforme des communautés locales et des peuples autochtones), notamment le Rassemblement annuel des détenteurs de connaissances et la Table ronde de la septième génération.

L’APN a également contribué à des négociations clés, portant notamment sur le financement climatique (la feuille de route de Bakou à Belém), l’adaptation (l’objectif mondial en matière d’adaptation), la transition juste, le programme de travail sur l’atténuation, l’article 6 (principes de coopération internationale sur les marchés du carbone), la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (Déclaration des Nations Unies) et un effort de dernière minute du Brésil pour ajouter des représentants des « communautés locales » au Groupe de travail de facilitation, en contradiction avec la prise de position de l’APN sur la terminologie « peuples autochtones et communautés locales ».

Au Pavillon du Canada, l’APN a collaboré avec le Conseil circumpolaire inuit et le Ralliement national des Métis en vue d’organiser une journée consacrée au leadership autochtone en matière de climat (le 12 novembre), qui comprenait une séance d’ouverture sur le leadership des Premières Nations en matière de climat et une séance coorganisée par l’APN et l’APNCB sous le thème : Action des Premières Nations en faveur du climat : tirer les leçons du passé pour soutenir les générations futures. Le 13 novembre, le Chef régional LaBobe a participé à un panel interactif organisé au Pavillon du Canada par Nature Canada, sous le thème : Catalyser des partenariats novateurs qui génèrent d’importants bénéfices climatiques, environnementaux et économiques.

L’APN a également participé à d’autres activités parallèles, notamment un dialogue sur l’inclusion des peuples autochtones dans les contributions déterminées au niveau national (CDN), un exposé au Pavillon des peuples autochtones sur l’action des Premières Nations, des Inuits et des Métis en faveur du climat au Canada, un dialogue entre les peuples autochtones et le président de la COP 30, et un dialogue en profondeur entre le secrétaire général des Nations Unies et les représentants internationaux des peuples autochtones. La délégation de l’APN a aussi tenu des réunions bilatérales avec la ministre canadienne de l’Environnement et du Changement climatique, Julie Debrusin.

Résultats

La COP 30 a été présentée comme une « COP autochtone » par la présidence brésilienne; cependant, les progrès réalisés en matière d’inclusion des peuples autochtones au sein de la COP et dans ses décisions ont été limités. À la suite des protestations des peuples autochtones et des militants locaux, la COP s’est de plus en plus militarisée, des membres de l’armée, de la police fédérale et de la police d’État maintenant une présence marquée lors des trajets quotidiens vers le lieu de la conférence.

En dépit des activités et des sessions programmées avec la présidence de la COP, les références aux peuples autochtones ont été limitées ou omises dans les textes des décisions finales. La seule exception a été la négociation sur la transition juste, où un paragraphe distinct historique reconnaît les droits des peuples autochtones, y compris le droit à l’autodétermination et au consentement préalable, libre et éclairé, ainsi que la protection des peuples autochtones en isolement volontaire.

La COP 30 s’est achevée le samedi 22 novembre à Belém, au Brésil, avec l’approbation de l’accord de Belém par 195 pays. Au cours de la conférence, 29 décisions ont été adoptées sur des sujets essentiels tels que la transition juste, le financement de l’adaptation, le commerce, le genre et la technologie. Au total, 59 indicateurs volontaires ont été approuvés pour suivre les progrès en matière d’adaptation, couvrant des secteurs tels que l’eau, l’alimentation, la santé, les écosystèmes et les infrastructures.

Parmi les principales réalisations de la conférence figurent l’engagement de tripler le financement de l’adaptation d’ici 2035 et les apports de 122 pays à leurs contributions déterminées au niveau national, établissant des objectifs de réduction des émissions pour 2035.

La prochaine conférence, la COP 31, est prévue en novembre 2026 à Antalya, en Turquie. Une pré-COP sera organisée en partenariat entre l’Australie et les pays insulaires du Pacifique.

Pour en savoir plus, veuillez communiquer avec :

Ayman Hammamieh
Agent des communications
Assemblée des Premières Nations
[email protected]

[1] CCNUCC. Rapport de synthèse 2024 sur les CDN : https://unfccc.int/process-and-meetings/the-paris-agreement/nationally-determined-contributions-ndcs/2024-ndc-synthesis-report (en anglais).

[2] Gouvernement du Canada. Rapport sur les changements climatiques au Canada, chapitre 4 : Température et précipitations à travers le Canada : https://changingclimate.ca/site/assets/uploads/sites/2/2019/01/RCCC_Chapitre4-Les-changements-de-tempe%CC%81rature-et-de-pre%CC%81cipitations-au-Canada.pdf