Le 15 juin, j’ai pris part avec la ministre fédérale du Patrimoine canadien, l’honorable Mélanie Joly, à l’annonce de l’élaboration conjointe d’une Loi sur les langues autochtones, dans le but de revitaliser, préserver, protéger et maintenir les langues autochtones.
Depuis plusieurs années, les Premières Nations font pression afin que des mesures soient prises pour soutenir, promouvoir et renforcer nos langues, les premières langues de cette terre. Les langues représentent la culture. Les langues représentent l’identité. Les langues sont au cœur de nos chants, de nos récits et de nos cérémonies. Les langues sont fondamentales à l’autodétermination. Revitaliser nos langues est essentiel pour la réconciliation. La reconnaissance, la promotion et le rétablissement des langues des Premières Nations non seulement renforceront nos nations, mais enrichiront le pays tout entier.
C’est la raison pour laquelle nous avons salué l’annonce du premier ministre Trudeau qui, lors de notre Assemblée extraordinaire des Chefs de décembre 2016, a pris l’engagement de « promulguer une Loi sur les langues autochtones, conçue de façon conjointe avec les peuples autochtones, dans le but de préserver, de protéger et de revitaliser les langues des Premières Nations, des Métis et des Inuits dans ce pays. » Lorsqu’un pays reconnaît officiellement ses premières langues et en favorise le rétablissement, ces langues deviennent plus fortes. Lorsque nos langues deviennent plus fortes, nous devenons plus forts.
Le 15 juin a été le jour où il a officiellement été annoncé que l’APN allait s’engager avec les Premières Nations à travailler à l’élaboration d’une loi pour « revitaliser, rétablir, préserver, protéger, maintenir et promouvoir » les langues des Premières Nations. La contribution des ardents défenseurs, des éducateurs, des aînés et des citoyens des Premières Nations de tout le pays sera essentielle dans le cadre de l’élaboration de cette loi.
Notre participation est fondée sur certains principes clés qui guideront cette initiative.
L’un de ces principes est que ce travail doit s’appuyer à toutes les étapes sur la participation et les conseils des Premières Nations. Nous allons tenir plusieurs séances de mobilisation, et la première se tiendra les 22 et 23 juin à Vancouver à l’intention des Premières Nations de la Colombie-Britannique et du Yukon. Le lundi 24 juillet, une autre séance se tiendra à Regina (Saskatchewan) avant notre prochaine Assemblée générale annuelle. D’autres séances seront organisées à l’automne 2017 dans toutes les régions. Nous vous tiendrons informés de toutes les dates prévues.
Nous maintenons que ce travail doit reposer sur une approche tenant compte des distinctions. Conformément à l’engagement pris en vue d’une Loi sur les langues autochtones, le Ralliement national des Métis et l’Inuit Tapiriit Kanatami étaient représentés lors de l’annonce, mais chaque organisation supervisera la participation et la contribution de ses propres citoyens. Nous savons que nous devons préconiser une approche propre à nos Premières Nations pour refléter nos points de vue, nos priorités et nos langues, qui sont uniques. Nous étudions plusieurs options afin de nous assurer que la loi illustre bien cette approche fondée sur les distinctions.
Ce travail sera guidé par la reconnaissance de ce que les gouvernements des Premières Nations sont investis de la compétence en ce qui concerne nos langues. Toute loi reconnaîtra les droits et les compétences des Premières Nations en matière de langues. Elle reconnaîtra que les langues sont essentielles à l’autodétermination. Elle reconnaîtra que les droits en matière de langues sont des droits inhérents. La loi, entre autres dispositions, stipulera et affirmera le droit des Premières Nations de revitaliser, utiliser, développer et transmettre leurs langues aux générations futures, y compris par le contrôle de leurs systèmes et institutions en matière d’éducation.
Nous sommes impatients de recueillir vos idées et vos points de vue à propos de cette importante initiative.
Plus de 58 langues autochtones distinctes et plus de 90 langues et dialectes distincts sont parlés sur l’Île de la Tortue. Aucune de ces langues autochtones n’est reconnue comme étant à l’abri de disparaître. Le travail que nous accomplissons, combiné aux nombreux autres efforts que nous et toutes les Premières Nations déployons pour soutenir et renforcer nos langues, feront en sorte qu’elles survivent et s’épanouissent.
Ce travail constituera pour nos enfants un héritage durable.
Kinanâskomitin,
Perry Bellegarde
Chef national
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Déclaration commune concernant le début, le 15 juin, de la préparation en commun d’une loi sur les langues des Premières Nations, des Inuits, et des Métis