OTTAWA, le 9 nov. 2019 /CNW/ – L’Assemblée des Premières Nations (APN), l’Université d’Ottawa ainsi que l’Université de Montréal ont dévoilé aujourd’hui les résultats préliminaires de l’Étude sur l’Alimentation, la Nutrition et l’Environnement chez les Premières Nations (EANEPN). L’EANEPN présente, pour la première fois, un ensemble de preuves indiquant l’importance des aliments traditionnels dans l’alimentation des citoyens et communautés des Premières Nations, mais présente aussi les impacts de la dégradation de leur environnement, notamment en raison de la présence des contaminants chimiques et des changements climatiques, et la difficulté d’accéder à ces aliments sains.
L’EANEPN révèle qu’entre 24 % et 60 % des Premières Nations vivent dans l’insécurité alimentaire, soit trois à cinq fois plus que dans la population générale au Canada. L’insécurité alimentaire et la malnutrition ont une incidence significative sur la santé générale des citoyens des Premières Nations. L’étude recommande également des mesures pour remédier à cette situation.
Financée et soutenue par le Gouvernement du Canada et échelonnée sur une période d’une dizaine d’années, l’EANEPN visait à étudier l’alimentation des Premières Nations ainsi que leur degré d’exposition aux polluants environnementaux par l’entremise des aliments consommés. Après avoir établi une structure d’échantillonnage basée sur des écozones, l’EANEPN a recueilli des informations auprès de 92 communautés des Premières Nations – choisies au hasard dans les régions canadiennes situées au sud du 60e parallèle – et a interrogé les participants sur une multitude de sujets liés à leur consommation d’aliments traditionnels ou du commerce, mais aussi à la sécurité alimentaire en général. L’EANEPN a également évalué le profil nutritionnel des aliments traditionnels et leur possible exposition à des risques environnementaux chimiques, la possible présence de métaux lourds et de métabolites issus des produits pharmaceutiques dans l’eau potable et de surface, ainsi que les niveaux de mercure dans les cheveux.
La présentation de ces résultats aux membres des Premières Nations ayant participé au projet constitue l’étape finale de l’EANEPN, mais en même temps un nouveau départ, puisque cette dernière a fait ressortir d’autres aspects qui nécessitent, à leur tour, d’être examinés. Les principaux partenaires de l’EANEPN s’apprêtent en effet à lancer un nouveau projet d’étude échelonné sur plusieurs années appelé Étude sur l’alimentation, l’environnement, la santé et la nutrition des enfants et des jeunes des Premières Nations (EAESNEJ). Tout comme l’EANEPN, cette nouvelle initiative de recherche est financée par la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits de Services aux Autochtones Canada.
Citations
« L’étude montre que la nourriture traditionnelle demeure l’option la plus saine pour les familles des Premières Nations lorsqu’il est question d’alimentation. Les impacts des changements climatiques et des activités industrielles viennent affaiblir, pour une trop grande portion de nos communautés, les capacités de notre environnement à leur fournir des aliments sains. Il faut s’occuper de la question de l’insécurité alimentaire, mais faire aussi en sorte que le coût des aliments nutritifs soit abaissé et que les effets des activités industrielles soient évalués. Depuis longtemps, les communautés des Premières Nations ont pris soin du territoire, et le territoire a pris soin de nous. Elles doivent impérativement jouer un rôle dans cette démarche. Nous savons que le maintien d’un environnement sain doit inclure des mesures contre les changements climatiques et la pollution. »
– Perry Bellegarde, Chef national de l’Assemblée des Premières Nations
« Nous sommes ravis d’avoir pu collaborer avec autant de partenaires des Premières Nations d’un bout à l’autre du pays afin d’achever cette étude monumentale au cours des dix dernières années. Les résultats nous montrent clairement la nécessité de soutenir sans relâche la promotion d’une alimentation et d’un environnement sains pour les membres des Premières Nations. L’EANEPN constitue une plateforme de choix pour encourager l’établissement de programmes innovateurs aux niveaux local et régional. Les enseignements tirés de l’EANEPN nous serviront à entamer une nouvelle étude qui se concentrera sur les enfants et les jeunes. »
– Dre Laurie Chan, chercheure principale, Université d’Ottawa
« Ce que nous avons constaté, c’est que notre système alimentaire laisse complètement tomber les communautés des Premières Nations de ce pays. Non seulement il existe des barrières qui les empêchent d’accéder à une alimentation traditionnelle plus saine, mais le système d’approvisionnement prédominant, avec ses prix élevés, ses disponibilités restreintes et son accessibilité limitée, engendre un taux d’insécurité alimentaire indécent, sans compter une incidence de maladies chroniques tout aussi alarmante et incluant des facteurs de risque comme l’obésité et le diabète. Il est urgent de promouvoir des changements systémiques au sein de cette structure et de favoriser la notion de souveraineté alimentaire si on souhaite réellement s’attaquer aux grandes inégalités en matière de santé dont souffrent les Premières Nations, et tout particulièrement dans ce cas-ci, les problèmes liés à l’alimentation. »
– Dr Malek Batal, Université de Montréal
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Michael Hutchinson
Conseiller principal en communication
Assemblée des Premières Nations
613-241-6789 ext. 244
613-859-6831 (cellule)
[email protected]
Lynn Barwin,
Les communications
Université d’Ottawa
613-562-5800 ext. 7214
[email protected]
MISE EN CONTEXTE :
L’Étude sur l’Alimentation, la Nutrition et l’Environnement chez les Premières Nations (EANEPN)
Au cours des 40 dernières années, des études ont été menées au sein de la population canadienne afin de mieux comprendre les changements en matière d’alimentation et pour évaluer la sécurité environnementale des aliments. Cependant, on ne savait pas grand-chose de la sécurité et du profil nutritionnel de bon nombre d’aliments et de régimes alimentaires traditionnels des communautés des Premières Nations. L’Étude sur l’Alimentation, la Nutrition et l’Environnement chez les Premières Nations (EANEPN) avait pour but de combler cette lacune. Parmi les retombées bénéfiques découlant de la participation à ce projet, on notait l’occasion de recueillir des données de base sur les aliments traditionnels utilisés dans une écozone. Ces données aideront non seulement à étoffer les connaissances sur le sujet, mais serviront aussi de référence pour les communautés des Premières Nations qui souhaiteront surveiller leur degré de sécurité alimentaire dans le futur et s’avéreront très utiles pour les études à venir sur la sécurité et la qualité des aliments et de l’eau.
L’EANEPN a recueilli des informations auprès de 92 communautés des Premières Nations, choisies au hasard dans les régions canadiennes situées au sud du 60e parallèle et représentatives de chacune des écozones du pays.
L’étude menée sur une période de dix ans a permis de colliger des renseignements sur différents facteurs :
- l’usage actuel des aliments traditionnels et de ceux provenant du commerce;
- la quantité de mercure accumulée dans le corps des participants;
- les problématiques de sécurité alimentaire;
- le type et la quantité de contaminants environnementaux retrouvés dans les aliments traditionnels;
- le type et la quantité de métaux-traces retrouvés dans l’eau de consommation au domicile;
- le type et la quantité de produits pharmaceutiques et leurs métabolites retrouvés dans l’eau de surface.
L’approche retenue pour l’étude se fonde sur la participation des communautés à la planification de l’étude, la mise en œuvre, l’interprétation et la communication de ses résultats. De plus, des ateliers ont été organisés pour recueillir les opinions des communautés sur la méthodologie de recherche.
Cette étude comporte cinq composantes majeures :
- Des entrevues à domicile pour parler des habitudes alimentaires et du mode de vie;
- L’échantillonnage d’aliments traditionnels pour en faire le profil nutritionnel et vérifier la présence de contaminants environnementaux;
- L’échantillonnage de l’eau potable pour vérifier la présence de métaux-traces;
- L’échantillonnage de cheveux pour vérifier la présence de mercure;
- L’échantillonnage de l’eau de surface pour vérifier la présence de produits pharmaceutiques et de leurs métabolites.
Chaque Première Nation était responsable de la collecte de ses données, alors que le financement, le soutien et la formation étaient fournis par l’organisation de l’EANEPN. Des nutritionnistes et des diététistes professionnels ont été engagés à titre de coordonnateurs de recherche en nutrition (CRN) afin d’offrir de la formation et du soutien à l’échelle locale tout au long du processus de collecte de données. Les CRN ont également fourni un soutien de coordination pour s’assurer que les Premières Nations soient en mesure d’atteindre leurs objectifs de collecte et d’obtenir des résultats probants.
Quelques faits à propos de l’EANEPN :
- Pour la première fois, l’EANEPN présente des données probantes et cohérentes sur la dimension humaine de la dégradation environnementale touchant les citoyens et les communautés des Premières Nations.
- De nombreuses Premières Nations sont confrontées à des taux d’insécurité alimentaire extrêmement élevés. Dans l’ensemble, près de la moitié des familles des Premières Nations peinent à se nourrir convenablement. Les familles ayant des enfants sont encore plus touchées.
- Au sein des Premières Nations, la nourriture saine coûte bien plus cher que dans les centres urbains, c’est pourquoi elle est inaccessible à de nombreuses familles.
- Le régime alimentaire actuel de beaucoup d’adultes des Premières Nations est déséquilibré sur le plan nutritionnel, ce qui est étroitement lié à l’insécurité alimentaire et à l’accès limité aux choix d’aliments sains.
- Les systèmes alimentaires traditionnels demeurent essentiels aux Premières Nations.
- L’accès aux aliments traditionnels ne répond pas aux besoins actuels. Plus de la moitié des adultes interrogés ont déclaré que la collecte de nourriture traditionnelle est affectée par les activités industrielles, ainsi que par les changements climatiques.
- De manière générale, on préfère les aliments traditionnels plutôt que les aliments du commerce, ces aliments sont de meilleure qualité sur le plan nutritionnel et leur consommation améliore grandement la qualité du régime alimentaire.
- La nourriture traditionnelle repose sur plusieurs valeurs fondamentales des Premières Nations. Elle incarne des valeurs culturelles, spirituelles et ancestrales, mais aussi une alimentation plus nutritive, une meilleure santé, la sécurité alimentaire, un savoir enrichi, ainsi que des liens forts avec la terre et l’eau.
- La santé de nombreux adultes des Premières Nations est compromise, notamment en raison du taux de tabagisme élevé, du fort taux d’obésité, qui est deux fois plus important parmi les Canadiens, et du cinquième de la population adulte qui est atteint de diabète, soit plus du double de la moyenne nationale.
- Les systèmes de traitement des eaux continuent de poser problème dans de nombreuses communautés, en particulier les excès de métaux qui modifient la couleur et le goût de l’eau, réduisant ainsi le seuil d’acceptabilité et de consommation de l’eau du robinet.
- Des résidus de produits pharmaceutiques ont été trouvés dans les eaux de surface aux alentours d’un bon nombre de communautés, ce qui indique qu’une contamination par les eaux usées a possiblement eu lieu.
MISE EN CONTEXTE :
L’Étude sur l’alimentation, l’environnement, la santé et la nutrition des enfants et des jeunes des Premières Nations (EAESNEJ)
L’EAESNEJ est une étude de dix ans menée à l’échelle nationale qui évaluera les problèmes nutritifs, environnementaux et de santé au sein des communautés des Premières Nations grâce à des partenariats et à la participation des communautés. L’étude se penchera sur la relation qui existe entre la qualité des environnements bâtis, sociaux et naturels et l’alimentation et la santé des enfants et des jeunes des Premières Nations vivant dans des réserves au sud du 60e parallèle. Les résultats aideront à formuler des recommandations pour les politiques gouvernementales et les programmes communautaires en vue d’améliorer la santé des enfants des Premières Nations. Cette étude favorisera le renforcement des capacités au sein des communautés et des régions de l’Assemblée des Premières Nations (APN).
Voici les principales questions qui seront abordées dans l’étude :
- Quel est l’état de santé des enfants canadiens des Premières Nations?
- Les enfants des Premières Nations vivent-ils dans des environnements sains?
Que mesurera l’étude?
- Les apports alimentaires;
- La consommation d’aliments traditionnels;
- L’exposition à des contaminants;
- Les indicateurs cliniques en matière de santé;
- Les environnements alimentaires et bâtis par l’homme;
- Les conditions de logement et la qualité de l’air intérieur.
Cette étude interdisciplinaire financée par Services aux Autochtones Canada est mise sur pied d’après les conclusions de trois autres études – l’Étude sur l’Alimentation, la Nutrition et l’Environnement chez les Premières Nations (EANEPN) menée entre 2008 et 2018, l’Initiative de biosurveillance des Premières Nations prise entre 2011 et 2012, et l’Étude pilote jeunes, environnement et santé des Premières Nations (JES!-YEH!) menée entre 2014 et 2017 – et réalisée en étroite collaboration avec des partenaires autochtones à l’échelle régionale et locale. L’étude proposée a été appuyée par la Résolution no 04/2019, Soutien à l’étude sur l’alimentation, l’environnement, la santé et la nutrition des enfants et des jeunes (EAESNEJ) lors de l’Assemblée générale annuelle de l’APN tenue en juillet 2019 à Fredericton, au Nouveau-Brunswick et est le prolongement de la collaboration ente l’APN et les universités partenaires.
Son objectif principal est de fournir les meilleures preuves permettant de formuler des recommandations pour les politiques gouvernementales et les programmes communautaires en vue d’améliorer la santé et le bien-être des enfants et des jeunes des Premières Nations, ainsi que d’accroître les capacités intergénérationnelles au sein de leurs communautés dans le but de régler les problèmes de santé liés à l’alimentation et à l’environnement.
Les objectifs de l’EAESNEJ
L’étude proposée dur les enfants et les jeunes des Premières Nations âgés de 3 à 19 ans vivant dans des réserves au sud du 60e parallèle vise à :
- Quantifier les relations existant entre la qualité du régime alimentaire par rapport aux atouts et aux possibilités des environnements alimentaires et les entraves rencontrées dans les ménages et la communauté;
- Analyser les dimensions des environnements alimentaires en matière d’accessibilité, de disponibilité, de coût et de qualité des aliments traditionnels, ainsi que des aliments du commerce;
- Comprendre les relations entre les dimensions des environnements alimentaires (aliments traditionnels et aliments du commerce) et la sécurité alimentaire, le régime alimentaire, l’état nutritionnel, les expositions aux contaminants et la santé des enfants;
- Consigner les déterminants sociaux de la santé, tels que les conditions de logement, et se pencher sur leurs associations en fonction de certains résultats en matière de santé des enfants, notamment leur bien-être émotionnel et psychologique;
- Recueillir des renseignements sur l’état de la qualité de l’air intérieur et examiner la relation qui existe entre les conditions de logement, la qualité de l’air intérieur et la santé respiratoire des enfants;
- Mesurer l’exposition des enfants et des jeunes à différents contaminants environnementaux ayant trait aux environnements, à l’alimentation et à la santé des enfants;
- Tenir compte des systèmes alimentaires traditionnels et établir un lien entre les connaissances ancestrales locales et les programmes en matière de santé à l’échelle des ménages et des communautés;
- Encourager les mobilisations communautaires et l’accroissement des capacités intergénérationnelles afin de remédier aux problèmes environnementaux et de nutrition;
- Utiliser le cadre d’échange de connaissances de l’institut de transfert de connaissances (IKT) pour trouver et analyser des solutions en matière de politiques en collaboration avec les communautés, l’APN et les décideurs.
Chronologie
Les consultations auprès des Premières Nations, des communautés et des groupes d’intérêts pertinents ont débuté en avril 2018 et sont toujours en cours. Elles permettent de consolider le cadre général et le protocole de l’étude avec les partenaires intersectoriels, et d’inclure dans l’étude notamment, les nombreuses expositions aux contaminants, les nutriments et la santé des enfants. Dans l’intervalle, un Comité consultatif de l’EAESNEJ sera formé pour prendre les décisions générales, comme la méthodologie à suivre pour le projet et les considérations budgétaires.
Du 1er avril au 31 décembre 2019, nous définirons les détails des instruments et des outils de communication, présenterons une demande d’approbation déontologique, élaborerons un ensemble de principes directeurs pour l’exécution du projet, établirons un plan d’action détaillé sur la communication des résultats, achèterons et installerons les instruments afin d’équiper la clinique mobile, embaucherons du personnel et offrirons des formations aux chercheurs des communautés pour leur apprendre à réaliser des sondages portant sur les facteurs sociodémographiques, la santé et l’alimentation, à collecter les échantillons biologiques, à inspecter les foyers et à récupérer les poussières.
La collecte des données commencera en janvier 2020 en présentant le projet d’implication communautaire, d’abord dans deux communautés, afin de tester la méthodologie et les instruments en vue de mettre le projet en place dans la première région en septembre 2020. Six communautés des Premières Nations seront choisies au hasard pour chaque année d’étude dans les sept régions de l’APN. Ensuite, cent ménages vivants dans ces communautés seront sélectionnés aléatoirement (voir le tableau 1 pour consulter la répartition des régions de l’EAESNEJ). On demandera à un adulte dans chaque ménage de remplir le questionnaire du ménage, et un enfant sera choisi au hasard pour remplir une partie individuelle qui comprend le régime alimentaire, l’anthropométrie, un examen des fonctions respiratoires et une collecte d’échantillons biologiques. La mobilisation communautaire, les activités d’engagement, la collecte de données de qualité, notamment la cartographie des communautés et les entrevues avec les principaux répondants, dureront tout le temps où l’équipe de l’EAESNEJ restera dans la communauté.